Outil de travail, source de beauté, vecteur d’exclusion, initiateur d’envies, victime de contraintes, on oublie trop souvent que notre corps nous appartient. Et à personne d’autre. Le corps des personnages de Kings of Doc ont une particularité : ils sont tous beaux, incroyablement cinématographiques.

La nuit elles dansent réalisé par Isabelle Lavigne & Stéphane Thibault – Canada – 2010 – 80min

Une mère et ses filles, au Caire. Leur métier : danseuses. Cette famille remuante, passionnée, va nous faire partager ses affections tumultueuses, les rudesses de leur gagne-pain et surtout nous faire découvrir, de manière très tendre, la réalité de ces femmes livrées à elles-mêmes et résolues à prendre leur existence en main.

Shado’Man réalisé par Boris Gerrets – France/Pays Bas – 2013 – 86 min

À Freetown, la capitale du Sierra Leone, un groupe d’amis vit dans les rues. Ils se nomment entre eux les « Freetown Streetboys », même si des femmes font également partie du groupe. Suley, Lama, David, Alfred, Shero et Sarah ont tous dû faire face à de graves problèmes physiques et psychologiques et ont été abandonnés par leur entourage. Sans commentaires et avec des images poétiques, la caméra capte l’environnement sombre où ils vivent. Les membres du groupe partagent leurs histoires poignantes et abordent la nature précaire de la vie dans ce pays complexe. Le film évoque également les luttes personnelles quotidiennes comme entamer des relations, élever (ou non) un enfant, et le sexe.

À la folie réalisé par Wang Bing – Japon/Hong Kong – 2013 – 227 min

« Locaux misérables, docteurs péremptoires, internement parfois politique : de janvier à avril 2013, Wang Bing a filmé le quotidien d’un hôpital psychiatrique de la province du Yunnan. Dans cet espace où le seul air vient d’une cour hors d’atteinte car bordée de barreaux, le lit fait office de radeau – « les gens comme nous ne peuvent s’offrir que le sommeil », remarque un résident. En restant au plus près des patients qu’il identifie par leur nom, le cinéaste déchiffre leur mode de (sur)vie, réinjectant de l’individuel dans ce que l’institution s’entête à priver de sens. Prière des rares musulmans, réchauffages mutuels au lit, les rituels corporels et vestimentaires rappellent L’Homme sans nom et Le Fossé, tant le dénuement est grand. Cette fresque documentaire finit par percer dans le plus clos des espaces des brèches vers le hors-champ. Ainsi un résident peut-il encore calligraphier sur sa jambe : Pensée morale, et un autre fredonner une chanson d’amour pendant une chasse à la mouche. Rompant l’arbitraire d’un lieu qui programme la folie autant qu’il la diagnostique, ces manifestations de vie font émerger du chaos une figure inattendue : le couple. D’où un titre qui sonne comme un douloureux serment matrimonial. « (Charlotte Garson, FIDMarseille 2014)

Boxing Gym, réalisé par Frederick Wiseman – USA – 2010 – 91min

Austin, Texas. Richard Lord, ancien boxeur professionnel, a fondé son club de boxe, Lord’s Gym, il y a seize ans. Des personnes d’âge, d’origine et de classe sociale différents s’entraînent dans ce gymnase : hommes, femmes, enfants, docteurs, avocats, juges, hommes d’affaires, immigrants, boxeurs professionnels ou aspirants professionnels côtoient de simples amateurs et des adolescents en quête de force et d’assurance. Lord’s Gym est une illustration du « melting pot » à l’américaine où les gens s’entraînent, se parlent, se rencontrent.

Tyson réalisé par James Toback – USA – 2008 – 90 min

Sombre, violent, drôle, absurde, érotique, tragique, terriblement personnel, d’une franchise tantôt blessante tantôt touchante, le film va des premiers souvenirs d’enfance de Mike Tyson jusqu’à ses dilemmes actuels. S’il l’appréhende en tant qu’individu – l’athlète légendaire et singulièrement controversé – il voit aussi en lui une figure emblématique des problèmes de race et de classe qui déchirent l’Amérique. Plus d’une heure d’éléments inédits, agencés autour de documents d’archives sur ses combats, d’interviews et de photos.