Invité : Mourad Moussa membre du comité de sélections de Visions du Réel, en charge des évènements musicaux. Il collabore également à l’organisation du Lausanne Underground Film & Music Festival et du Geneva International Film Festival à Genève.
Nos jours, absolument, doivent être illuminés réalisé par Jean-Gabriel Périot – France – 2012 – 22min
Orléans, le 28 mai 2011. Des détenus chantent à l’intérieur d’une prison ; ni la caméra, ni les regards n’y ont accès. De l’autre côté du mur, des personnes écoutent. Emportés par la musique, les visages des auditeurs venus pour l’occasion s’illuminent et livrent à la caméra autant d’histoires possibles. D’un côté, les voix, de l’autre, les visages : entre les deux, des émotions se dessinent.
Presenting Princess Shaw réalisé par Ido Haar – Israël – 2015 – 80min
Une jeune femme, qui pendant la journée travaille comme aide-soignante dans une maison de repos, se transforme la nuit en Princess Shaw, et poste sur YouTube ses chansons à capella. Elle vit dans un quartier défavorisé de la Nouvelle-Orléans et sa vie a toujours été dure. C’est cela dont elle parle et qu’elle chante face à la caméra qu’elle utilise comme un journal intime. À l’autre bout du monde, dans un kibboutz près de Tel Aviv, Kutiman, un musicien devenu célèbre pour avoir créé des morceaux uniques mixant chansons et notes glanées sur le web, l’écoute et, sans qu’elle le sache, décide de l’aider… La fable de Cendrillon se rejoue à l’ère d’Internet. Ido Haar qui, il y a quelques années, nous avait remis, avec 9 Star Hotel, un récit émouvant sur la cohabitation inévitable et tourmentée entre Israéliens et Palestiniens, poursuit sa démarche d’un cinéma humaniste, se servant de la caméra comme d’un pont entre les êtres. Voici donc comment un personnage inoubliable, un artiste génial et un cinéaste qui les fait se rencontrer donnent vie à un film touchant qui nous fait encore croire aux miracles.
(Luciano Barisone)
Addis Nocturne réalisé par Catherine Maximoff – France – 2015 – 70min
Tout est affaire de rythme à Addis-Abeba. Le rythme des pas de course à l’aube, celui des pas de danse, des chants et des percussions une fois la nuit tombée. Addis Nocturne, c’est un mouvement perpétuel, une pulsation de métronome qui s’écoute et se passe de commentaire.
Qu’importe l’heure, au détour d’une rue ou dans quelque commerce, on trouve quelqu’un pour partager la mélodie d’une langue du pays ou d’un instrument insolite. Les portraits de chanteurs et de musiciens succèdent ainsi au refrain d’une circulation apaisée, à quelques moteurs qui vrombissent, au murmure des conversations lointaines. Addis Nocturne, composé comme une chanson, s’apprécie les yeux et les oreilles grands ouverts.
1973 réalisé par Stefan Ivančić – Serbie – 2014 – 33min
Scènes de vie quotidienne au bord du Danube, en Serbie ; il ne se passe rien ou presque pour ces hommes échoués au port en même temps que les bateaux. Guidé par un protagoniste aussi attachant qu’un peu naïf et décalé, on parle économie, papillons de nuit, on parle des vieilles chansons de jeunesse, à la mode dans les années 1970. Un film sensible d’observation, d’une société en suspens.
The sound of Belgium réalisé par Jozef Devillé – Belgique – 2012 – 85min
A la fin des années 80, la Belgique et à sa suite toute l’Europe, découvre un nouveau type de musique électronique qui enflamme les dancefloors connue sous le nom de new-beat.
Call me chaos réalisé par Aleksandr M. Vinogradov – Belgique – 2016 – 38min
Lorsque Floh, armée de son accordéon, entame sur la Grand-Place de Bruxelles une de ses chansons, c’est avec une énergie rugueuse. Elle porte en elle cet élan de rébellion, cette force d’aller à l’encontre d’un mouvement trop établi, « De ces voies toutes tracées dans lesquels ont nous a mis », dixit sa chanson éponyme au film. Floh vit en marge, elle joue principalement à même le macadam et se coltine le réel en pleine figure. La chanson est pour elle un cri, chanter, une lutte. Inscrites dans la pure lignée de la chanson réaliste, ses chansons sont un pansement pour notre âme mise à mal par le chaos dominant. Comme les chansons d’Edith Piaf, elle ancre ses textes dans la grisaille du quotidien, les tensions de notre société et les conflits du monde. Mais la poésie de Floh est également tissée de ses histoires personnelles et de ses rêves, mis en dessins, animés dans le film. La caméra du cinéaste, la suit, proche, à fleur de peau. Le monde apparaît alors en arrière plan, sombre et flou. La liberté de Floh est insaisissable comme une respiration, le souffle de l’accordéon qui s’emplit d’air avant de poursuivre sa route.
(Madeline Robert)
Anplagd réalisé par Mladen Kovačević – Finlande/Serbie – 2013 – 51min
L’art de la musique jouée avec des feuilles d’arbres. Un film curieux qui nous entraîne dans un univers aux personnages insolites : il y a Vera, l’ancienne détective privée, Pera, le paysan expert et Josip, l’inventeur d’instruments tentant d’élucider le mystère de la feuille. Dans un temps suspendu, empli de douceur et de poésie, la musique est encore au cœur de la vie, et semble pourtant vouée à disparaître.