Qu’ils soient sans abris au Brésil ou en structure d’accueil, punks dans un pays de l’est ou amateurs de rap à Charleroi, les jeunes restent une énigme. Une entité qui bouge vite, absorbe ce qu’elle a en face d’elle, s’initie parfois toute seule et d’autres dans le collectif. C’est cette géométrie variable que Kings of Doc a décidé d’aborder au travers de la liberté de regard de ces 6 films, tous réalisés par des femmes.

Avant que les murs tombent, réalisé par Eve Duchemin – France/Belgique – 2008 – 27min

Près de Charleroi, Colin vit seul avec sa mère dans une maison insalubre, qui s’effondre chaque jour, un peu plus. Face à la misère, il écrit avec ses potes dans sa chambre, devenue pour l’occasion, une « maison de jeunes » improvisée. Du rap comme exutoire et comme nécessité. La seule manière qu’ils ont trouvée pour faire parler de cette pauvreté au cœur de l’Europe, et qu’on ne regarde plus. Même à travers nos téléviseurs. Tant que cette maison résiste, ils ne traîneront pas dehors. Tant qu’ils écrivent, ensemble, ils ne tomberont pas. « Avant que les murs tombent » évoque une jeunesse de laissés-pour-compte, au bord la chute.

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L’âge Adulte, réalisé par Eve Duchemin – France/Belgique – 56min

Le jour, Sabrina fait des ménages, pour payer les travaux dans une maison dont elle risque d’être expulsée, ainsi que pour s’acheter le matériel nécessaire à son deuxième travail. La nuit, elle devient Sarah, strip-teaseuse, pour payer les cours qui, un jour, lui permettront peut-être de devenir aide soignante. Sabrina est une jeune fille de 22 ans qui danse constamment sur le fil du rasoir. C’est l’histoire de sa rencontre avec Eve, jeune cinéaste qui lui offre son identité en partage. Ensemble, elles se demandent ce que devenir femme veut dire.

Just shoot me, réalisé par Claudia Nunes – Brésil – 2010 – 67min

« Où ? Les rues de Goiana, au Brésil. Qui ? Une grappe de ces fameux gamins sans abri qui hantent, si nombreux, les cités brésiliennes. Comment? “Filme-moi, c’est tout”, “Filme ici !”, et la caméra de passer de main en main, et les filmés de devenir à leur tour cadreurs, preneurs son, interviewers. Et le tout de fabriquer des plans qui ne cessent de surgir imprévisibles, de se bousculer, de danser ou de tournoyer comme sur ce tourniquet qui donne le vertige aux barres d’immeuble en arrière-plan. […] Archive d’une jeunesse filmée sans dramatisation, sans pittoresque ni misérabilisme, dans un film au noir et blanc qui s’offre comme un hommage à la vitalité et à l’énergie. »
(Jean-Pierre Rehm, FID Marseille 2011)

Eastpunk memories, réalisé par Lucile Chaufour – France – 2012 – 80min

À la fin des années 80, Lucile Chaufour filmait une bande de punks à Budapest. Par leurs tenues provocantes, à travers leurs chansons, ils exprimaient leur colère contre le régime communiste et subissaient de plein fouet la répression policière et d’incessantes intimidations. Tous attendaient avec espoir le changement du système.Vingt ans plus tard, la réalisatrice a retrouvé ces anciens punks. Que sont-ils devenus ? Comment ont-ils vécu la chute du mur de Berlin et le passage à l’économie de marché ? Comment vivent-ils la crise actuelle ? […] Entre le démantèlement des acquis du socialisme engagé par la gauche libérale et le repli nationaliste d’une droite qui se dit sociale, la démarcation traditionnelle entre droite et gauche a laissé place à une confusion idéologique à laquelle nous devons désormais aussi faire face.

Check Check Poto réalisé par Julia Varga – France – 2009 – 82min

Mosaïque est une structure d’accueil à Aubervilliers qui s’adresse aux jeunes de 12 à 17 ans. « Check Check Poto » propose un regard sur ce lieu singulier que les jeunes fréquentent librement, gratuitement, sans inscription préalable, sans régularité prédéfinie. Un espace où ils se rendent pour être écoutés, informés et soutenus dans leurs difficultés ou tout simplement pour se poser. Dans le huis clos de ce refuge, « Check Check Poto » trace une galerie de portraits âpre et attachante de jeunes à la recherche d’une estime d’eux-mêmes qui semble irrémédiablement les fuir. Le film enregistre et restitue une parole inédite. Il révèle un monde sensible qui permet la compréhension de beaucoup des blessures et des ratages que traversent les enfances abîmées de nos périphéries urbaines.